Mon Histoire

Le Prisonnier Libéré… Ou comment j’ai cessé de m’inquiéter et appris à emmerder la hustle culture !


L’Evangile du burnout

Tu te réveilles, déjà défait. 5h30 du matin. Premier réflexe pavlovien : vérifier tes emails comme un junkie sa dose. Félicitations, tu appartiens officiellement à cette secte moderne qui vénère le dieu Productivité et sacrifie des vies entières sur son autel digital.

Ta journée commence par cette sensation familière, ce petit étau qui comprime ta poitrine. Cette voix intérieure – celle qui te susurre avec la douceur d’une lame de rasoir que tu n’en fais jamais assez, que quelque part dans ce vaste monde, un concurrent plus déterminé, plus discipliné, plus digne que toi en est déjà à son quatrième café et à sa cinquième tâche. Quel connard, penses-tu. Avant de réaliser que ce connard, c’est devenu toi.

Trois expressos plus tard, te voilà à jongler entre création de contenu insipide pour des followers qui s’en battent les couilles, prospection de clients qui te fuient comme si tu portais la variole, et réponses à des messages d’une importance comparable à celle d’un pet dans une tornade. Et malgré tout ce cirque quotidien, ton compte bancaire affiche une santé mentale aussi précaire que la tienne.

21h passées. Tu fermes ton ordinateur, mais ton cerveau continue de tourner comme un hamster sous amphétamines. « Demain, je dois absolument pivoter ma stratégie cross-canal pour maximiser l’engagement organique de mes… » Ta gueule. Sérieusement.

Cette routine, c’est ce que j’ai vécu. Pendant des années. Et laisse-moi te dire que ça n’avait rien de glamour, contrairement à ce que prétendent les évangélistes du hustle sur LinkedIn ou Instagram, ces prophètes du capitalisme tardif qui prêchent la bonne parole depuis leur yacht loué à l’heure pour le shooting.

La Prison Dorée de Honfleur (Ou Comment Confondre une Carte Postale avec le Bonheur)

J’ai débuté ma carrière d’entrepreneur en ouvrant un magasin d’optique à Honfleur. Certes, il y a pire comme prison dorée – les touristes en Birkenstock le qualifient d’authentique. Mais j’étais enchaîné à un lieu et à des horaires d’ouverture qui dictaient ma vie avec la rigidité d’un directeur de pénitencier mégalomane.

L’ambition et la détermination étant mes deux traits de caractère dominants (comprendre : je suis têtu comme une mule en rut), je me suis lancé corps et âme dans cette aventure entrepreneuriale. Et comme tout bon martyr moderne, j’ai sacrifié ma vie personnelle sur l’autel de la réussite professionnelle, convaincu que c’était le prix à payer pour avoir le droit de me faire appeler « boss » par personne.

Chaque matin, j’ouvrais ma boutique, enfilant mon costume d’opticien souriant et confiant, alors qu’intérieurement, j’étais ce hamster pathétique tournant dans sa roue, persuadé qu’à force de courir, il finirait bien par aller quelque part. La grande illusion contemporaine, cette croyance que la douleur entrepreneuriale mène nécessairement à la rédemption financière.

Longtemps, j’ai cru à ce manichéisme entrepreneurial absurde : c’était SOIT la réussite professionnelle, SOIT l’épanouissement personnel. Le mot « ET » était banni de mon vocabulaire, comme le gras du régime d’une influenceuse wellness qui se gave de burgers dès que la caméra s’éteint.

La Rencontre avec le Mentor (Oui, comme dans Star Wars, mais sans le sabre laser ni la sagesse véritable)

« Tu ne changes pas ce dont tu n’as pas conscience » – cette phrase d’un de mes mentors résonne encore dans ma tête, comme ces jingles publicitaires conçus pour coloniser ton cerveau.

C’était en 2017. À l’époque, ma vie professionnelle ressemblait à une partie de Tetris en mode expert avec une tendinite aux deux pouces : peu importe l’agilité avec laquelle je plaçais mes pièces, la défaite était inévitable. Malgré mes efforts et ceux de mon associé, nous vivions professionnellement une tragédie grecque sans la catharsis finale.

Je maintenais les apparences, bien sûr. N’est-ce pas ce qu’on nous apprend ? Sourire en public et pleurer sous la douche. Poster des citations motivantes sur LinkedIn le jour et fixer le plafond, insomniaque, la nuit. En réalité, j’avais l’impression d’écoper le Titanic avec une petite cuillère.

Le Déclic (Ou Comment une Ville du Sud peut Révéler ta Propre Connerie)

Novembre 2019, direction Sète ! Il y a des villes qui te marquent comme ces premières expériences sexuelles : brèves mais indélébiles. Pour moi, c’était Sète. C’est là que j’ai compris que j’étais fait pour autre chose que vendre des montures de lunettes surévaluées à des touristes, qu’une autre vie m’appelait si j’acceptais de saisir cette chance au lieu de la contempler comme un tableau dans un musée.

Je me souviens de cette promenade le long du port, observant les bateaux libres d’aller où bon leur semblait alors que j’étais enchaîné à mon magasin comme Prométhée à son rocher. Le soleil caressait ma peau tandis que la brise marine m’apportait une légèreté que je n’avais pas ressentie depuis longtemps. Une petite voix intérieure me murmurait : « Tu mérites plus que ça, espèce de con. » Mais comme beaucoup d’entre nous, j’ai étouffé cette voix sous les « oui, mais » et les « plus tard » – ces deux expressions favorites des condamnés volontaires.

Le Grand Saut (Ou Comment Quitter la Zone de Confort pour une Zone d’Inconfort Encore Plus Inconfortable)

En octobre 2019, après deux ans à méditer sur ma révélation sétoise comme un moine trop attaché à sa contemplation, j’ai finalement pris mon courage à deux mains. Mon associé m’a déposé à la gare, probablement soulagé de voir partir ce partenaire dépressif, et j’ai embarqué vers ma nouvelle vie. Direction ? Le village de mon enfance. Oui, après des années en affaires, je suis retourné vivre chez mes parents comme un adolescent qui a foiré son bac. Quelle régression spectaculaire, n’est-ce pas ? La startup nation en aurait des sueurs froides.

Ce devait être temporaire. Quelques mois pour me reconstruire, puis direction le Canada. C’était mon plan, jusqu’à ce qu’une rencontre improbable entre un pangolin et une chauve-souris change le destin du monde. Note personnelle : ne jamais remettre à demain ce que l’on peut faire aujourd’hui, on ne sait jamais quand une pandémie mondiale va te niquer ton business plan.

Montréal et la Religion du Hustle (Ou Comment Changer de Décor sans Changer de Mentalité de Merde)

Lorsque les frontières ont enfin rouvert après que le monde ait joué à Resident Evil grandeur nature, j’ai pu réaliser mon projet et partir pour Montréal. Et qu’ai-je fait là-bas ? J’ai replongé tête la première dans la « hustle culture » – cette secte moderne qui glorifie le travail acharné et les cernes sous les yeux comme si c’étaient des médailles de guerre à exhiber sur Instagram.

Lever à 5h, coucher à minuit, sessions de travail interminables, vie sociale remplacée par des « strategic networking events »… Je reproduisais le même schéma toxique qui m’avait épuisé dans ma boutique d’optique, simplement dans un décor plus instagrammable. Comme ces ex qui changent de partenaire mais répètent les mêmes conneries relationnelles avec une constance admirable.

Houston: L’Épiphanie (Ou Comment J’ai Appris que Moins, c’est Plus, et que la Plupart des Entrepreneurs sont des Masochistes Consentants)

C’est lors d’un voyage à Houston, cette ville texane connue pour sa subtilité et son minimalisme (ironie, si tu ne suis pas), que j’ai commencé à remettre en question cette approche frénétique. J’ai rencontré des entrepreneurs qui semblaient avoir trouvé un équilibre que je n’avais pas encore atteint, qui n’avaient pas cette lueur désespérée dans le regard.

J’ai commencé à expérimenter avec l’idée révolutionnaire de… travailler moins. De me concentrer sur l’essentiel. D’éliminer le superflu, comme ces réunions Zoom où tout le monde fait semblant d’écouter. Et miracle : ma productivité n’a pas diminué – elle a augmenté. Comme quoi, parfois, la terre continue de tourner même quand on n’est pas aux commandes, prêt à flageller quiconque ralentit.

Buenos Aires: La Pilule Rouge (Ou Comment J’ai Découvert que Matrix était un Documentaire sur l’Entrepreneuriat Moderne)

Après Houston, direction l’Argentine. Ce qui m’a frappé là-bas, c’est de voir des entrepreneurs qui semblaient vivre dans un monde complètement différent. Ils travaillaient moins, prenaient de vraies pauses, sortaient profiter de la vie… et leurs business prospéraient. Cette vision a été ma révélation finale : travailler moins n’est pas perdre, c’est gagner. Et tous les gourous business qui prétendent le contraire sont soit des escrocs, soit des masochistes.

Je me souviens de cette soirée à Buenos Aires, assis à la terrasse d’un café. La nuit était douce, la place animée, et un entrepreneur local me disait avec un naturel désarmant : « Mon entreprise fonctionne pour moi, pas l’inverse. J’ai créé un système qui me permet de travailler quatre heures par jour, de voyager trois mois par an, et pourtant, mon chiffre d’affaires a doublé l’année dernière. »

J’étais fasciné et incrédule, comme un curé devant un club échangiste. Toute ma vie d’entrepreneur m’avait appris que le succès était proportionnel au nombre d’heures travaillées, aux vacances sacrifiées, aux relations amoureuses sabotées. Et pourtant, devant moi se tenait la preuve vivante du contraire, sirotant tranquillement un verre de Malbec.

La Renaissance (Ou Comment J’ai Remplacé « OU » par « ET » et Envoyé Chier la pensée Dominante )

À partir du moment où j’ai réussi à remplacer « OU » par « ET », j’ai pu changer complètement ma perception de la vie. J’ai découvert le pouvoir du minimalisme entrepreneurial : une seule offre de haute valeur au lieu de dix produits médiocres, un client idéal clairement défini au lieu de courir après n’importe qui avec un portefeuille, des actions ciblées et stratégiques au lieu de cette agitation perpétuelle qui confond mouvement et progrès.

La vraie récompense n’était pas financière, même si l’argent a suivi. C’était la liberté retrouvée, la sensation d’être à nouveau maître de mon temps, de mes choix, de ma vie. C’était la disparition progressive de cette anxiété chronique qui m’avait accompagné pendant tant d’années, comme un parasite émotionnel se nourrissant de mes espoirs et de mes rêves.

La Mission: Partager l’Élixir (Sans Devenir un Gourou Instagram avec des Dents Trop Blanches)

Aujourd’hui, je ne suis plus cet entrepreneur désespéré qui courait après le succès comme un chien après sa queue, dans un spectacle aussi pathétique qu’inutile. Je suis devenu un entrepreneur conscient, qui a appris à faire plus avec moins, à créer de la valeur sans s’épuiser, à bâtir un business qui respecte et amplifie sa vie personnelle au lieu de la cannibaliser.

J’ai développé une méthode, baptisée « TODD », qui synthétise tout ce que j’avais appris dans mes errances entrepreneuriales. Cette approche repose sur un principe simple : moins d’actions, mais des actions plus stratégiques et alignées. Moins de clients, mais des clients plus engagés et mieux servis. Moins d’heures de travail, mais des heures plus concentrées et productives. Exactement comme un bon amant – ce n’est pas la durée qui compte, mais ce que tu fais pendant ce temps.

L’Invitation au Changement (Ou Comment Devenir un Hérétique Heureux dans un Monde d’Entrepreneurs Formatés)

Aujourd’hui, je vis entre plusieurs pays, je travaille quand je le souhaite (généralement pas avant 10h du matin, parce que je ne suis pas un putain de robot), et surtout, je me sens profondément aligné avec ma mission. J’ai même lancé une carrière de musicien en Amérique du Sud, parce que… pourquoi continuer à reporter ses rêves quand la vie est trop courte pour la passer dans des réunions inutiles ?

Mon business n’est plus une prison, mais un véhicule de liberté. Et si tu te reconnais dans mon histoire, si tu te sens piégé dans une vie qui ne te ressemble plus, dans un rôle d’entrepreneur-automate qui te donne envie de hurler, sache qu’une autre voie est possible. Non, ce n’est pas facile. Oui, ça fait peur. Mais l’alternative – continuer à vivre une vie qui n’est pas la tienne – est infiniment plus terrifiante.

Je ne prétends pas avoir trouvé la formule magique du succès, ni détenir la vérité absolue sur l’entrepreneuriat. Ce que je sais, c’est que nous avons tous été conditionnés à croire que le succès passe nécessairement par le sacrifice et la souffrance. Et cette croyance est non seulement fausse, mais elle est activement nocive. C’est l’équivalent entrepreneurial de ces régimes yo-yo qui te promettent des abdos en béton mais ne te donnent que des troubles alimentaires.

Alors, es-tu prêt à remplacer « OU » par « ET » dans ta propre vie ? Es-tu prêt à briser les chaînes de la « hustle culture » et à créer un business qui soit réellement au service de ta vie ? Es-tu prêt à devenir le protagoniste de ta propre histoire au lieu d’être un figurant dans celle des autres ?

La vraie liberté ne se trouve pas dans un compte Instagram parfait ou dans un chiffre d’affaires à six chiffres qui t’enchaîne à un mode de vie que tu détestes. Elle se trouve dans ta capacité à vivre selon tes propres termes, à créer une vie et un business qui te ressemblent vraiment, pas une pâle copie de ce que Gary Vee ou ce connard de Tony Robbins te disent que ça devrait être.

Et contrairement à ce que prétendent les évangélistes du hustle, tu n’as pas besoin de te lever à 4h30 du matin pour méditer dans l’eau glacée tout en récitant des affirmations positives et en faisant du yoga sur une planche à découper. Tu as juste besoin d’oser être toi-même, pleinement et sans compromis. D’arrêter de jouer à l’entrepreneur et commencer à être un humain qui entreprend.

Vivre pleinement et réussir autrement. C’est possible, et c’est même beaucoup plus agréable que cette mascarade à laquelle tu participes actuellement.

Alors, tu continues à faire semblant, ou tu te libères ?

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